La classe inversée offre ainsi la possibilité de restructurer le temps et l’espace scolaire pour privilégier la communication pédagogique en vue d’un meilleur apprentissage.
Quelles sont alors les conditions d’une mise en place de la classe inversée ?
La première condition de mise en place d’une classe inversée est de vouloir repenser son rôle d’enseignant au sein de l’espace/temps scolaire en décidant d’adopter une pédagogie centrée sur l’élève, mais avec une certaine prudence :
- les élèves ne sont pas tous prêts à adopter une posture plus active en classe et à la maison ;
- il sera nécessaire d’apprendre aux élèves à devenir plus autonomes ;
- il est primordial de bien cerner les problèmes pédagogiques que pourrait éventuellement résoudre la classe inversée.
La deuxième condition concerne les conditions d’enseignement et d’apprentissage :
- le temps de préparation est plus long pour l’enseignant, sauf s’il se limite à se filmer pendant qu’il fait un exposé ;
- la création de capsules d’autoformation (planification, scénarisation, élaboration du support visuel et sonore) doit s’appuyer sur une planification didactique sérieuse, les contenus transmis sur support numérique devant être structurés de manière claire et pédagogique. Il ne s’agit pas de propulser les élèves devant n’importe quelle vidéo en espérant que des apprentissages seront automatiquement générés par leur visionnement ;
- l’enseignant doit proposer des activités cognitivement significatives en classe, ce qui nécessite une bonne connaissance de la pédagogie active ;
- le contexte scolaire doit être prêt à tolérer une autre gestion de classe, plus décentralisée, plus autonome, plus souple, plus active, voire plus mouvementée.
La troisième condition concerne la qualité de l’environnement technopédagogique :
- l’accessibilité à des moyens technologiques de base pour tous les élèves doit être garantie ;
- le soutien de la part de l’équipe dirigeante de l’établissement scolaire est nécessaire ;
- les ressources numériques produites doivent être d’une qualité relativement élevée et agrémentée d’un design actuel afin d’offrir un pouvoir attractif au public visé.
La quatrième condition est de personnaliser l’approche en fonction des caractéristiques de son milieu professionnel et des besoins des élèves :
- une bonne connaissance du processus d’apprentissage et des caractéristiques de chacun des apprenants est requise ;
- il est nécessaire d’évaluer dans quelle mesure et quand il est préférable de laisser ses élèves aborder seuls de nouveaux contenus pour mieux les accompagner dans l’application des connaissances.
Les limites de la classe traditionnelle encouragent les enseignants et les élèves à expérimenter un changement de rôle dans la classe inversée, mais tous n’y sont pas prêts. L’autonomie cognitive des élèves devient un enjeu essentiel de formation dans une société du savoir, mais cette autonomie cognitive doit, elle aussi, faire l’objet d’un apprentissage.
Bien que les matières scolaires pour lesquelles des études ont été réalisées dans le cadre de l’enseignement secondaire (principalement aux États-Unis) sont la chimie et la physique, la biologie, l’anglais et l’algèbre, il n’est pas exclu que toute matière scolaire puisse s’y prêter.
Isabelle Nizet - professeure à l’Université de Sherbrooke, Québec, Canada* Florian Meyer - professeur à l’Université de Sherbrooke, Québec, Canada
date de publication : 11/02/2015